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Le magazine annuel d’Innosuisse 2023

Une entreprise traditionnelle mise sur l’innovation

Lorsqu’Annette Heimlicher s’exprime, on entend bien qu’elle est la patronne charismatique et dynamique d’une entreprise technologique active au niveau mondial: elle déborde d’énergie, explique des thématiques complexes en termes simples, rit. Annette Heimlicher a conservé son charme juvénile. Il y a une dizaine d’années, à tout juste 35 ans, elle a succédé à son père à la tête de Contrinex, un fabricant de capteurs industriels intelligents. Depuis, elle fait avancer l’entreprise familiale innovante fribourgeoise.

«Le nouveau capteur est le prélude à une toute nouvelle unité commerciale.»

Annette Heimlicher

CEO Contrinex

De grandes différences avec son père

La reprise de la société a placé Annette Heimlicher d’un seul coup à la tête de quelque 500 collaboratrices et collaborateurs. Grâce à des diplômes en économie de l’Université de Genève et de la London School of Economics, elle était idéalement préparée. «De plus, avant de reprendre Contrinex, j’avais déjà travaillé six ans dans plusieurs de ses départements», explique-t-elle. Une succession d’entreprise exemplaire?

Annette Heimlicher qui a aujourd’hui 46 ans relativise: «Les deux premières années en tant que CEO ont été difficiles», se souvient-elle. Les collaboratrices et collaborateurs ont dû s’habituer au style direct, parfois même un peu autoritaire, de leur nouvelle cheffe. «J’ai une personnalité très différente de celle de mon père», concède Annette Heimlicher. Sa manière de diriger était également nouvelle: «Comme j’étais jeune, je ne pouvais pas dire aux gens ce qu’il fallait faire. Je manquais d’expérience pour cela». Son approche consiste donc à une gestion participative plutôt qu’à un leadership «top down».

Une société présente dans douze pays

En revanche, l’entrepreneuse n’a pas changé grand-chose à l’orientation stratégique de Contrinex: «J’ai poursuivi l’internationalisation de l’entreprise comme l’avait souhaité mon père». Aujourd’hui, Contrinex est présent dans douze pays. Au cours des cinq dernières années, sa responsable a ciblé les États-Unis en tant que marché principal. «Là-bas, l’intérêt pour les capteurs high-tech est actuellement en forte croissance, surtout dans le domaine de la robotique».

Afin de continuer à pénétrer le marché américain, l’entreprise familiale cinquantenaire doit avant tout être innovante. Au siège de Corminbœuf, 25 ingénieurs développent de nouvelles idées.

Un problème se résout de lui-même

La dernière création de la maison Contrinex: un capteur intelligent avec reconnaissance d’objet intégrée. «Cela permet d’automatiser de manière rentable le contrôle qualité dans la production industrielle», explique le CTO Laurent Genilloud. Dans une chocolaterie, par exemple, le capteur détecte si tous les chocolats sont correctement placés dans les alvéoles de la boîte, et ce en 3D. Une innovation révolutionnaire: «Auparavant, les images prises par des capteurs optiques 2D devaient être envoyées à des ordinateurs externes pour être analysées. Pour cela, il fallait un logiciel spécial. C’était plus compliqué et plus cher».

Laurent Genilloud nourrissait l’idée de la reconnaissance d’objets intégrée depuis un certain temps déjà. Mais il savait que l’algorithme nécessaire allait au-delà de l’expertise de l’entreprise. Le CTO a été très surpris lorsqu’en novembre 2020, son téléphone a sonné et qu’on lui a proposé de participer à un projet d’innovation dont l’objectif était précisément de créer un tel capteur. «Innosuisse avait déjà approuvé l’encouragement et la Haute école de Lucerne comptait parmi les partenaires dudit projet. Mais l’entreprise industrielle envisagée à l’origine s'était retirée»: Laurent Genilloud a encore du mal à y croire. Contrinex a pris en charge et développé le hardware pendant que la Haute école de Lucerne a élaboré l’algorithme.

«Grâce au nouveau produit, nous créons plusieurs postes.»

Nouveau capteur, nouveau pilier

L’innovation est rentable pour Contrinex: «Nous nous attendons à une augmentation significative du chiffre d’affaires d’ici 2030», déclare Annette Heimlicher. L’entreprise créera, en outre, plusieurs postes d’ingénieurs, de responsables produits et de commerciaux spécialisés. «Le nouveau capteur 3D est le prélude à une toute nouvelle unité commerciale», révèle la CEO. Elle ne veut pas encore donner de détails, mais dévoile que «la première petite sœur du capteur sera utilisée dans des bras robotisés plutôt que dans des lignes de production automatisées». Un espace impressionnant de cent mètres carrés a été réservé à Corminbœuf pour ce nouveau département.

Alors que la mise en place de la nouvelle unité commerciale bat son plein, Contrinex a déjà lancé son prochain projet d’innovation avec le soutien d’Innosuisse: en collaboration avec la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg, l’entreprise développe des capteurs qui fournissent des informations précises sur leur environnement et améliorent ainsi le contrôle des machines, de la robotique ou des installations d’automatisation.

Toutefois, ceux qui pensent que chez Contrinex les nouveautés se succèdent à toute allure se trompent. «L’innovation est importante, oui. Mais la mise en œuvre minutieuse et cohérente l’est au moins autant», indique Annette Heimlicher pour laquelle il s’agit d’un credo central. «En tant que responsable d’un groupe technologique prospère, je dois constamment ajuster le curseur entre l’innovation et la commercialisation».

Soutien apporté par Innosuisse

  • 1 projet d’innovation en cours avec la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HEIA-FR)
  • 1 projet d’innovation achevé avec la Haute école de Lucerne (HSLU)